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Bénin-Demande de pardon de l’ex ministre de l’énergie

Paulin Akpona à genoux entre repentir sincère et manœuvre politique

C’est une scène inhabituelle qui a marqué la sphère politique béninoise ces derniers jours. Le ministre Paulin Akponan, dans une déclaration solennelle et chargée d’émotion, a reconnu publiquement une faute politique lourde en présentant ses excuses à son prédécesseur, Samou Adambi, ainsi qu’au président de la République Patrice Talon et à l’ensemble du gouvernement. Une sortie médiatique aussi rare que retentissante, qui soulève de nombreuses interrogations.

Des propos sans preuve, un mea culpa public

« Aucune preuve ne sous-tend mes propos si ce ne sont des souvenirs des cas dont je ne suis pas témoin et qui sont pendants devant la CRIET », a déclaré Paulin Akponan. Par ces mots, le ministre admet avoir évoqué, à tort, une possible implication de son prédécesseur dans des affaires de corruption et de malversations. Une mise en cause jugée infondée, car reposant sur des souvenirs imprécis, sans fondement matériel ni témoignage direct.

Face à la gravité de ses déclarations, il a choisi de faire amende honorable : « Je viens publiquement ici présenter mes sincères excuses à mon prédécesseur M. Adambi… Mes excuses vont également au Président de la République et à tout son gouvernement. »

Une faute politique majeure

Ce geste de contrition publique révèle une erreur politique de grande envergure. En mettant en cause un ancien ministre sans preuve, Paulin Akponan a non seulement porté atteinte à la réputation de ce dernier, mais aussi semé le doute sur la probité de l’équipe gouvernementale. De tels propos, venant d’un haut responsable, peuvent fragiliser la confiance du public dans les institutions.

Cette sortie laisse aussi transparaître des tensions ou dysfonctionnements internes, en exposant publiquement ce qui aurait pu rester un contentieux politique traité en coulisses. Certains observateurs y voient une tentative maladroite de prise de distance ou d’affirmation personnelle qui s’est retournée contre lui.

Erreur de communication ou stratégie défensive ?

Le ministre parle lui-même d’une « véritable erreur de communication, si ce n’est une faute politique gravissime », signe d’une lucidité certaine. Mais au-delà du regret affiché, cette déclaration peut aussi s’analyser comme une stratégie défensive, visant à limiter les conséquences juridiques et politiques d’une déclaration hâtive.

En citant des dossiers « pendants devant la CRIET », il touche à un terrain sensible, où toute insinuation non fondée peut être juridiquement risquée. En se rétractant publiquement, il tente probablement de se prémunir contre d’éventuelles poursuites pour diffamation ou dénonciation calomnieuse.

Une génuflexion hautement symbolique

Dans un geste fort, Paulin Akponan a déclaré : « Je fais la génuflexion de ma coutume Nago. » Par cette expression, il inscrit sa demande de pardon dans les traditions culturelles de son ethnie. Dans la culture Nago comme dans bien d’autres au Bénin, la génuflexion est un acte de grande humilité, réservé aux moments de repentance profonde.

Ce geste vise donc à renforcer la sincérité apparente de sa démarche. Il cherche à convaincre non seulement ses pairs, mais aussi l’opinion publique, de la profondeur de ses regrets.

Entre sincérité et survie politique

Ce mea culpa spectaculaire est-il le signe d’une authentique prise de conscience, ou bien une manœuvre calculée pour éviter l’isolement politique, voire une éviction du gouvernement ? Difficile de trancher. Une chose est sûre : en politique, la parole engage, et les erreurs se paient cher.

Le ministre Akponan, par son acte, tente de réparer, voire de sauver ce qui peut l’être. Reste à savoir si cela suffira à restaurer la confiance du chef de l’État, de ses collègues… et du peuple béninois.