La peur gagne les exilés politiques béninois, à qui le prochain tour ?
L’arrestation récente de deux cyberactivistes béninois en exil, Steve Amoussou et Hugues Comlan Sossoukpè, alimente une vive inquiétude au sein des milieux politiques en rupture avec le pouvoir.
Ces deux interpellations, opérées hors des frontières nationales, viennent bouleverser les certitudes jusque-là ancrées chez les exilés, selon lesquelles la distance offrait un semblant de sécurité. Hugues Sossoukpè, journaliste et militant connu pour ses prises de position virulentes contre le régime en place, a été arrêté à Abidjan alors qu’il participait à un événement officiel à l’invitation du gouvernement ivoirien. Son transfert vers Cotonou s’est fait manu militari, dans des conditions qui suscitent encore indignation et interrogations. Quelques mois plus tôt, c’est Steve Amoussou, chroniqueur établi au Togo, qui avait été interpellé et ramené de force au Bénin. Ces deux cas, successifs et similaires dans leur modus operandi, ont semé la panique dans les rangs des figures de l’opposition en exil, qu’elles soient issues de la mouvance ou de l’opposition. Leur silence depuis ces événements contraste avec l’activisme verbal qui les caractérisait autrefois. Ce mutisme révèle l’étendue de l’inquiétude : aujourd’hui, plus aucun pays de la sous-région ne semble offrir de refuge garanti.
Face à cette vague d’interpellations transfrontalières, plusieurs organisations internationales de défense des droits de l’homme et de la liberté de la presse ont exprimé leur préoccupation. Les critiques dénoncent un climat de répression et d’intimidation à l’approche des élections générales prévues en 2026.
Une question taraude désormais les esprits dans les cercles d’exilés politiques : après Lomé et Abidjan, quelle sera la prochaine ville ? Et surtout, à qui le tour ?
D.S.R.